DEMILLY
Une peinture qui cherche les
transparences, une peinture qui aime les couleurs fortes. « Le sujet est
un prétexte, dit-il. Ce que je préfère, c’est la lumière. » Pour ses
natures mortes, il place sur une table des objets choisis qui ont une âme, un
passé. Au fil des heures et au fil des jours, il admire les changements de
lumières et d’ombres, qui transforment littéralement la composition.
Il est là tous les jours et le temps
s’évapore. « Ce sont des choses que j’ai en moi. Un besoin d’exprimer.
Comme en musique, il faut oublier la technique, donc la maîtriser ». Son
couteau glisse le long d’une bouteille, place par petites touches un blanc qui
va se dissoudre et se transformer en verre. Ca a l’air si évident lorsqu’on le
regarde faire ! « Souvent, je mets en valeur une couleur, et le reste
accompagne ».
Il suggère, ramène l’œil vers un certain
point et travaille les perspectives. Il cherche des correspondances, par
exemple entre un ciel nuageux et l’eau…Si les natures mortes sont nombreuses,
le peintre prend plaisir à faire des études de personnages à l’aquarelle depuis
cinq ans. Des marines également. (…)
Ivan
LHOTELLIER
Homme du Nord, homme de cette lourde
terre qui colle, sensuelle et solide, à la semelle, Maurice DEMILLY est la
placidité même, celle du paysan qui sait vivre à la fois du dépouillement de la
nature et de la luxuriance. Il va ainsi de l’infiniment grand, à
l’irrémédiablement petit en se découvrant un peu plus chaque jour pour se
renouveler sans cesse. Majestueusement volubile sur son art, il sait toutefois
se balader en solitaire à travers ses couleurs car dès lors, il peu librement
bavarder avec le monde et voir la peinture au-delà de notre propre regard, par
les transparences de sa palette qui lui permettent d’aller à l’essentiel, en
dépouillant le détail.
Nulle fantaisie chez lui car elle
pourrait cacher la réalité, mais un sens de la vérité qui le met en contact
direct avec le public. Pourtant, Maurice DEMILLY ne prétend pas faire de l’art
mais simplement le servir, modestement, sans artifice et sans bruit. La plus
belle musique qu’il nous sert, c’est le silence de cette peinture, cette
confrontation de la vie par le pinceau qui l’anime avec l’immobilité de la
toile qui va la recevoir. C’est cette conversation intarissable de l’artiste
qui va chercher au-delà pour avancer. C’est cette luminosité au service du rêve
éveillé. Ce sont ces reflets de « l’objet inanimé qui révèle une
âme ». C’est ce mariage d’amour avec la nature, les êtres et les choses
dont ne peut-être qu’exclue la trahison.
C’est pour toutes ces raisons que Maurice
DEMILLY est un enchanteur.
Roger
LEMAIRE