MENDRISSE
Il y a quelque
chose de mystèrieux et d’indicible, de déroutant à la fois dans les toiles de
Mendrisse.
Une sorte de
réflexion au plus profond de nous-mêmes, dans des contrées de notre
subconscient que nous sommes seuls à pouvoir explorer.
Une quête mystique
que des personnages intemporels, qui pourraient aisément être issus de notre
Moyen Age, poursuivent interminablement ; En silence.
Ce qui frappe en
effet, c’est que les toiles de cet artiste sont étrangement muettes. Chacune
d’entre elles met en scène deux ou trois personnages au visage énigmatique, aux
lèvres closes sur leur rêverie.
Leurs yeux
immenses mangent la toile, mais ne nous regardent jamais. Ils se fixent
ailleurs, bien loin de nous, à moins que ce regard qui ne nous est nullement
destiné ne soit entièrement tourné vers l’intérieur.
Par certains cotés, ces visages aux yeux immenses et
fixes, nous rappellent les statues géantes que l’on rencontre dans certaines
civilisations anciennes, symboles de la connaissance réservée aux seuls
initiés.
Les toiles de
Mendrisse pourraient marquer les étapes d’une quête initiatique, où se
retrouvent la femme et l’enfant, le maitre et l’élève, le livre et l’écriture,
des paysages que l’on dirait volontiers bibliques, Mont des Oliviers ou Vieille
Jérusalem.
On y baigne dans
une atmosphère irréelle, sereine, évoquant par certains cotés les romans
initiatiques d’Henri Gougaud. Les longues mains aux doigts graciles sont une
réminiscence des icones des siècles passés.
Certaines toiles,
au contraire, présentent des décors fantastiques, à la limite du surréalisme,
des personnages en longues robes quasi monastiques y cheminent sur des routes
suspendues dans le vide, au milieu d’une ville qui ne ressemble à rien de
connu : symbole de ce cheminement intérieur sur des voies méconnues, à la
recherche de quelque chose qui nous dépasse et nous reste à jamais secret.
Cette constante
interrogation, et les réponses probables qui naissent en chacun de nous,
trouvent leur expression dans les zones d’ombres et la lumière particulière qui
illumine les visages.
Mendrisse, pour
qui chaque œuvre ne peut naitre gratuitement, spontanément, sans être le fruit
d‘une longue et patiente maturation, a su trouver un style et une palette
propres à communiquer son amour du prochain, son désir d’écouter et de
comprendre, d’atteindre au mystère de la vie et à la connaissance, dans le
silence et le recueillement.
Il appartient à
chacun d’entre nous de découvrir le message contenu dans l’ensemble de ses
œuvres, et chacun y verra peut-être des choses totalement différentes.
Clara Pozniakoff