VAN COTTHEM (France) - La traversée des apparences

van_cotthen_article.jpgCredo de sa passion, la peinture de Van Cotthem a la parole. Et elles s’entendent entre elles pour mieux nous parler… dans le temps. Aussi, même si toutes sortes de cadrans ont l’heur de lui plaire, clepsydres, horloges ou montres sont hors de la semence pigmentaire de cette gnostique de la Certitude. Il n’y a pas réveil chez cette gardienne du seuil, seul compte l’éveil…du sens…des sens, donc parfois, remettre quelques pendules à l’heure. Certes, ses paraboles ne sont pas paroles d’Evangile mais, en revanche, ses oniriques édens sacralisés sont langage de l’âme : objets inanimés…Chair des choses…Etre du paraître, il y a une vie après la vie. L’intériorité-les-valeurs- n’est que l’autre face du corps qui lui n’est qu’enveloppe, la fonction de passage. Le ‘Pas…sage’ ce dérèglement de tous les sens, cher à Arthur Rimbaud, thème ressuscité dans la toile ‘Les 7 Pommes’ : le mythe d’Adam est le plus capiteux des sept péchés capitaux semble nous dire l’artiste qui nous enjoint à dévorer la vie à pleines dents en croquant ce fruit, défendu par la peinture ; si, la vie c’est apprendre, c’est prendre, sans faute ! Penchant entre vices couchés et vertus cachées, sept est le nombre du ciel ; c’est la dualité vitale entre le chiffre symbolique des apparences planétaires et celui angélique pour lequel les ‘appâts rances’ ne convoquent pas aux septénaires degrés de la perfection. Dans toutes ses traversées des apparences tant structurelles que spirituelles, Van Cotthem s’exprime en trompe-l’œil mais pas en trompe l’esprit : dans ses aires de rêve, l’ombre n’est que l’autre versant de la lumière. Prêtresse de son art, cette sondeuse de (son ?) l’âme s’appuie sur son pinceau comme l’aveugle sur sa canne pour devenir pèlerine de sa peinture dont le fertile et vital vocable imagé est issu de la palette des sentiments. Mais, avant tout chez la peintre, c’est le trait et son aboutissement, c’est la ligne et son élégance et c’est le dessin et son harmonie que nourrit la couleur pour mettre en situation des vues mythiques. En effet, les étreintes picturales de l’artiste nous portent vers une autre arrivée, vers un ailleurs, celui du rêve réaliste. Récits légendaires, rébus métaphoriques, méditations visionnaires, oraisons jaculatoires capturent l’espace vide que le silence parvient à délimiter. Les toiles ne décrivent pas, elles écrivent au quotidien, tout, hormis son journal intime. Cette visagiste des valeurs humaines donne de l’étoffe à ses métathèses qui ne se drapent pas du secret des mystères. Si sa palette est porteuse d’existence, si son pinceau est colporteur de rémanence, Van Cotthem est médiatrice de deux états : la vie et la renaissance. Entre l’œuf et le squelette, c’est la fragilité carnée qui est tramée, et ce pour en découdre avec une labyrinthique transition dont la vie ne tient qu’à un fil. La création de Van Cotthem est tout entière optimiste. Résolument. Le futur a de l’avenir. A travers ces rendez-vous du Moi, si ‘Nature…elle…ment’ aussi dans les fruits de l’imaginaire, c’est tout un état de re-cueillement que l’artiste nous rend…visibles ! Si le réel de l’artiste ne se veut la réalité, le parler vrai de cet exégète s’avère certain. Désavouant les histoires à dormir debout, la picturalité de Van Cotthem descend pourtant tout droit du ‘mont-songe’.

Ecoutez-là. ‘Droit dans vos bottes’. Vous voyez avec Michèle Van Cotthem, il n’est pas besoin de se coucher pour rêver !

Par Christian – Benoit LANNES