PETRE
VELICU
Les
constances dans la peinture de Petre Velicu sont en fait le mythe et le rêve.
Elles font partie du mythe d’Icare, tombé en or et en bleu céleste ou bien du
Centaure sombre, qui porte les couleurs de l’ambiguïté spirituelle.
C’est
aussi le rêve, le monde onirique, avec son monde obscur, éclairé ça et là d’une
force interne avec ses illusions fabuleuses qu’on rencontre partout dans ses
peintures.
Petre
Velicu fait partie d’une catégorie d’artistes contemporains, particulière et
qu’on a souvent étudiée : celle des Manéristes extrêmement talentueux.
Dans les années cinquante ces artistes ont donné pour ainsi dire naissance à
une nouvelle vague avant-gardiste, en ressuscitant un style Européen ancien du
point de vue d’une interprétation moderne. Le style manériste naquit de la
renaissance, cryptique et éclectique et dont l’ancêtre du surréalisme,
Arcimbaldo, est un représentant important.
Dans
ce style, dont le ‘bosco sacro’ à Bomarzo fait également partie, l’agitation et
la quiétude de l’ornement, le panthéisme et l’hermétisme, la splendeur et
l’ombre, le réalisme et l’abstrait, l’exotisme et le cabinet des curiosités
subsistaient côte à côte.
J’ai
du penser à tout cela en découvrant pour la toute première fois dans l’atelier
de Velicu des coquilles de mer, froides et transparentes, des petites fossiles
avec des complications manéristes.
Aussi
cela ne m’a étonné en rien de découvrir ’l’œuf
dogmatique’ au mur, inspiré par le fameux poème de Ion Barbu, avec son hermétisme supérieur et
chargé des symboles.
Dans
le cas de Velicu on est confronté à un caractère extrêmement individuel par une
expression plastique. Velicu fait preuve d’un tempérament, qui a tendance à
concrétiser l’abstrait en tentant sans cesse de s’échapper.
Cette
tentative sans cesse renouvelée de s’échapper à travers les fenêtres étroites
du rêve respire dans toutes ses toiles et cela fait de lui un participant à une
expérience de la vie collective - à la fois célébrante et dramatique - d’une
génération entière.
L’échappée
tend vers l’éclat et le lustre d’enveloppes grandioses et dorées, qui cachent
souvent des fictions bestiales, des combats sanglants et des cauchemars.
L’échappée
prend aussi la direction de la magie des paumes ouvertes sur un fond rouge
théâtral, couleur de la souffrance. Cela rappelle un rite fort lointain des
prêtres qui croyaient à la puissance du Bien et du Mal. En même temps cela fait
penser à la magie de la rivière noire séparant définitivement deux mondes l’un
de l’autre, le monde des vivants et celui des morts.
Pourtant
l’impression que Velicu laisse dépasse le mythe et le rêve, dépasse le désir
d’échapper et la magie, dépasse l’obscurité et la splendeur. Ce qui reste c’est
sa forte et profonde admiration pour la beauté humaine, pour cette perfection
anatomique, impossible à égaler.
Extraits d’un texte de Räzvan Theodorescu
Professeur à l’Académie des Beaux-Arts à Bucarest